ETRE ACTEUR DE
SON REVE, ET (EN PARTIE) DE CELUI DE SES ENFANTS
Par Fabrice
KNOLL, membre de l’apel sainte-ursule – 26.08.2015
Une aventure
majeure a illustré la liberté et la force des rêves cet été :
la grande aventure de l’Hermione, ce bateau de Lafayette
reconstruit à l’identique dans les bassins de Rochefort, et qui
est allé aux Etats-Unis se faire acclamer par les américains à la
fois érudits, reconnaissants, et bons enfants.
Au-delà de la
fabuleuse esthétique du bateau et de la symbolique qu’il véhicule
(la France venant au secours des insurgés américains pour les aider
à gagner leur indépendance), plusieurs leçons sont à tirer de ce
« revival ».
Tout d’abord,
redécouvrir que Lafayette, quand il va trouver Louis XVI et qu’il
le convainc d’aider les Américains, puis qu’il va leur
permettre, à Yorktown, de faire un pas majeur vers l’indépendance,
n’a que 21 ans, cet âge où, à notre siècle, et dans notre
quartier cocon parisien, et dans notre vie de tous les jours marquée
par tant de questions existentielles, nous avons encore du mal à
trouver les mots pour soutenir nos enfants étudiants, et les aider à
trouver leur voie véritable si besoin, parce que nous nous
inquiétons souvent à tort sur leur avenir.
Laissons-les
avoir des idéaux et des idées originales (« those who say it
cannot be done, should not interrupt the ones doing it ») avant
de leur demander d’être si sérieux pour assurer leur avenir.
Laissons-les explorer des voies, des pays, des centres d’intérêts
et des passions.
Le hasard m’ayant
fait découvrir le château de la Roche-Guyon et acheter un livre sur
les relations franco-américaines à la fin du XVIIIème siècle) m’a
ainsi permis d’apprendre que le duc de la Rochefoucauld, était à
cette époque, non seulement un grand ami des américains, et non des
moindres, comme Benjamin Franklin, puis Thomas Jefferson, mais
également un des traducteurs de textes américains aussi importants
que les projets de constitution américaine. Autant dire qu’il
était à la fois bilingue, un esprit éclairé, et grand humaniste.
Aussi, j’ai
envie d’établir un parallèle entre l’aventure de l’indépendance
américaine, qui a nécessité, de la patience, de la ruse, des
appuis et de l’inventivité, et l’aventure de la reconstruction
de l’Hermione, qui, étape par étape, a permis de reconstruire une
frégate dont la manoeuvrabilité s’est avérée étonnante sur les
mers du globe. Ce rêve qui semblait fou, a permis de fédérer des
gens de tous horizons, d’entrainer dans son sillage (au propre
comme au figuré) des régions, des associations, des individualités,
des écrivains, des journalistes, et d’entretenir avec théâtralité
et panache, une amitié bicentenaire.
J’ai la chance
d’être marié à une américaine qui adore l’Europe, et nous
avons tous les deux suivi avec émotion et attention l’accueil de
l’équipage de l’Hermione dans les différents ports américains :
Norfolk, Yorktown, New York, ma belle-famille, sur mon instigation,
n’ayant pas hésité à faire quatre heures de route et deux nuits
d’hôtel pour voir ce joyau de l’effort humain. J’ai aussi eu
le plaisir de rencontrer cet été à Rochefort, une personne qui a
fait partie de l’équipage et qui a été émue et épatée par
l’accueil des américains et qui a découvert toute la côte Est,
en plus de mieux se connaître soi-même lors de son propre voyage
sur une réplique de frégate.
Aussi, pour tous
ces enfants, adolescents, jeunes adultes, que nous soutenons,
guidons, suivons, et regardons avec amour et étonnement au fil de
leur développement, j’émets un vœu : qu’ils devinent
leur(s) rêve(s), qu’ils le(s) suivent, le(s) nourrissent et le(s)
réalisent.
Et pour eux et
pour leurs parents, j’émets un autre rêve : que leurs
parents les soutiennent de manière inconditionnelle, et croient en
eux, car nous sommes tous faits du même moule, génération après
génération : le désir d’être aimés, et le désir d’être
soutenus, le désir de s’amuser et le désir d’accomplir ;
le désir de bien faire et le désir d’innover, en un mot le désir
de réussir sa propre vie au sein de la grande famille humaine.
N’ayons pas peur des rêves, ils sont souvent précurseurs de notre
réalité, qu’ils s’amusent à redessiner.